En passant par Goris, je rencontre les femmes de l’association Coopération Arménie. Liliane et Astrig, françaises d’origine arménienne mènent des actions en Arménie en faveur des populations défavorisées. Leur engagement a pris de l’ampleur depuis le séisme de 1988. Elles gèrent aujourd’hui un centre à Goris qui fait à la fois restaurant associatif, salles de classe et chambres d’hôte pour les voyageurs qui souhaitent participer au tourisme solidaire. 10 femmes sont salariées du centre qui distribue une trentaine de repas par jour à des personnes âgées et à des invalides dans l’incapacité de travailler. Je suis très bien accueillie par les femmes qui dès mon arrivée m’offrent toute leur hospitalité. Je leur parle de ma volonté de me rendre à Yeghvad pour rencontrer le groupe de jeunes volontaires de Terre et Culture. Elles décident de m’accompagner. Elles sont ravies de savoir que des jeunes Français participent à la valorisation du patrimoine culturel arménien. Elles même accueillent trois jeunes polonaises qui donnent des cours d’anglais dans le cadre du Service Volontaire Européen. Le Camp de Terre et Culture est situé dans un village de 250 habitants, à quelques kilomètres de Kapan, aux environs de la frontière entre l’Arménie et l’Iran.
Vahan, 25 ans est responsable de 16 jeunes, de 13 à 22 ans. Ils gèrent le chantier de restauration de l’Église et d’excavation de tombeau dans un cimetière abandonné. Les jeunes sont fiers de présenter leur travail. Ils se rendent compte que leurs vacances prennent un sens particulier. Ils découvrent la vie au village et participent activement à la valorisation du patrimoine arménien qu’ils portent tous dans leur coeur. En effet, l’ensemble des participants qu’ils soient français, anglais, américains, syriens ou libanais ont des origines arméniennes. C’est un moyen pour reconnecter avec leur passé familial. Je leur fais part de mon projet, nous nous rendons vite compte que nous sommes sur la même longueur d’ondes…
Un archéologue arménien supervise les recherches. Munis d’un stylo et d’un carnet, ils répertorient les tombes excavées. Au bout d’une demi-heure de visite, je les entends crier « Ceramica » ! Avec leurs pelles, leurs brosses et leurs mains, ils viennent de mettre à jour une tombe datant de l’ère préchrétienne. En effet, l’archéologue est catégorique, les motifs dessinés gravés sur la pierre datent de temps très anciens. Ils font références aux tribus nomades qui parcouraient la région, il y a plusieurs millénaires. Je lui parle de ma visite à Karahunj. Le scientifique préfère rester prudent et ne pas s’aventurer dans des théories avant d’avoir pu dater des fragments au carbone 14.
Néanmoins, la récente découverte dans la région de la plus vieille chaussure du monde, prouve que des populations habitent l’Arménie depuis plusieurs millénaires. Les Arméniens sont-ils les descendants de ces populations ? Tout comme les jeunes volontaires, je suis heureux de découvrir un passé insoupçonné. Toutes ces découvertes animent l’imagination et éveillent des vocations.
Un grand merci aux Volontaires de terre et Culture à Yeghvard, 2010.
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