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mercredi

Jyrair, le peintre soldat

Jyrair est peintre. Il ne peut pas vivre de son art dans un pays où le salaire mensuel moyen ne dépasse pas les 200 euros. Même s’il perçoit une pension d’ancien combattant, avec sa femme, ils ont du trouver un moyen de se procurer d’autres revenus. C’est ainsi qu’est né Goris Hostel où je les ai rencontrés. Jyrair n’aime pas parler de l’époque ou il était soldat. C’est donc sa femme qui me raconte ce qu’ils ont du endurer. Sans eau ni electricité, été comme hiver, elle a dû élever leur fils et s’occuper de sa mère, aujourd’hui décédée. C’est elle qui lui a appris à parler anglais, ce qui facilite notre conversation. « Elle était polyglotte. Elle parlait l’arménien, le français, l’anglais, le russe, le perse et le turc. Elle a traversé le vingtième siècle. C’est elle qui a monté le premier hôtel de la région. Il y avait surtout des iraniens et des turcs qui venaient. Puis est venu le temps des français avec le jumelage de la ville avec Vienne ».
Aujourd’hui, dans de nombreuses maisons on peut voir une petite tour Eiffel ! Symbole de la France, petit cadeau que les voyageurs laissent en souvenir à leur hôte.
Au petit matin, Jyrair m’invite à son atelier situé dans l’ancien Goris, la partie troglodyte de la ville. Le décor naturel l’inspire, les roches calcaires transformées en cheminées naturelles, les fruits de saison notamment la grenade, les objets anciens qu’il a recueilli et qu’il conserve dans son atelier. Le métier à tisser et les jarres retiennent mon attention. Ces objets sont bien plus qu’une simple décoration. Ils sont la mémoire matérielle du savoir-faire de la civilisation arménienne d’avant l’industrialisation qui rime ici avec soviétisation.
La population de Goris, ville située dans la région du Siunik également connue sous le nom de Zanguezour, a lutté contre cette invasion. Les habitants se sont battus contre les différents envahisseurs qu’ils soient perses, turcs (1) ou russes. Mais c’est bien la guerre du Karabagh qui occupe les mémoires.
Je décide donc de continuer ma route vers Stepanakert avec la volonté de mieux comprendre ce conflit.

(1) Les azéris sont considérés par les arméniens comme des turcs du fait qu’ils soient turcophones.

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