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lundi

La vie au village

Vendredi 13 août 2010, 

Je dois encore repousser mon départ pour l’Ararat, pour assister à la bénédiction du raisin à Etchmiadzine, le saint siège de la religion Arménienne dans lequel réside le Catholicos. J’en profite pour accompagner Sarkis et Sveta dans leur Datcha près d’Achtarak au nord d’Erevan. Ils doivent effectuer quelques travaux agricoles et récupérer des provisions en prévision d’une fête qu’ils vont organiser pour l’anniversaire de leur fille Arminé. Pour sortir d’Erevan, nous passons par le quartier nommé Bengladesh, constitué de grandes tours de béton, symbole du logement au temps soviétique. À l’entrée d’une de ces cités, je remarque le portrait d’Antranik Pacha un fédayine ayant combattu les militaires turcs au moment du Génocide. Quelques kilomètres après être sortis d’Erevan, nous roulons sur une route construite dans la vallée de l’Aragatz qui domine l’horizon qui constitue le plus haut sommet de l’Arménie depuis que l’Ararat a été récupéré par la Turquie. Sur le bord de la route, les agriculteurs vendent leurs récoltes de saison : pastèques, melons, fraises et tournesols…

Nous nous arrêtons devant une maison avant d’arriver à la datcha. Sarkis sonne, une femme âgée ouvre sa porte. Sveta discute, je ne comprends pas tout. La vieille femme rentre chez elle pour revenir aussitôt avec des herbes aromatiques. En Arménie, les personnes âgées continuent de travailler. Certaines ne perçoivent même pas les retraites qui de toute manière sont rarement suffisantes pour subvenir au besoin du quotidien.
Nous reprenons la route et en arrivant à la datcha, Sveta prépare le café. Pendant ce temps, Sarkis me fait le tour du propriétaire. Il en profite pour m’expliquer qu’il a construit cette maison de ses propres mains grâce aux cours particuliers qu’il donnait après sa journée de travail. Sarkis était professeur de mathématiques et sa femme professeur d’arménien. Ils se sont connus durant leur enfance au Karabagh. Aujourd’hui leur village se trouve en Azerbaïdjan, et donc inaccessible… Sarkis me dit qu’il est fier de pouvoir laisser cette maison à ces enfants. Nous prenons le café avec Sveta, lorsque Sarkis revient avec un lapin dans les mains. Il ne cache pas son anxiété. Je comprends ce qui va arriver. Ce sera le mets pour l’anniversaire d’Arminé ! Il lui tranche la tête, le dépèce et le vide.




Sveta passe derrière lui pour laver la terrasse. La fin de journée approche, Sarkis doit donner un cours de math à quelques étudiants de la cité où ils habitent. Nous rentrons à Erevan, la voiture plus chargée qu’à l’aller…
 

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