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dimanche

La bénédiction du raisin

Dimanche 15 août 2010,

Tous les 15 août, le jour de l’assomption, le Clergé de l’Eglise arménienne bénit le raisin devant les fidèles. La Cérémonie religieuse consacre le fruit de la vigne. Avant de parler du rituel, que je découvrais pour la première fois, je tiens à partager quelques remarques sur le raisin. Probablement mon côté franchouillard ! Bien que d’ « essence divine », la vigne ne peut se reproduire sans l’intervention humaine. Certes, elle produit des pépins, mais ceux-ci sont infertiles. Seule la bouture lui permet de se propager. C’est ainsi qu’on parle de cépage.
J’ai découvert cela lorsque je menais une étude sur le manioc en Amazonie brésilienne et au Cameroun. N’ayant été initié dans ma jeunesse ni à la vie religieuse apostolique arménienne, ni catholique, je ne connais les rituels chrétiens qu’à travers les baptêmes, les communions et les mariages auxquels j’ai été invité. J’ai consulté la Bible à plusieurs reprises et je me suis rendu à plusieurs messes. Aujourd'hui par exemple, j'ai appris que pour les arméniens, le Christ faisait le signe ci-contre. Les trois doigts représentant la trinité, tandis que la jonction entre le pouce et le majeur représente l'alliance des mondes matériel et spirituel. Durant mes études d’anthropologie, j’ai renouvelé régulièrement l’expérience dominicale pour comprendre comment se structuraient les rituels chrétiens et produire une description de l’office à la manière dont Émile Durkheim décrit les rituels pratiqués par les indigènes. Dès ma Licence, je n’admettais pas cette différenciation de traitement entre « Eux » sauvages et « Nous » civilisés. Je m’inspirais du style développé dans Les formes élémentaires de la vie religieuse, pour décrire les messes catholiques. Les Catholiques devenaient les Indigènes de mes recherches ! Mais je les traitais avec bien plus d’égards que le clergé a pu le faire durant l’Histoire.
À Echmiadzin aujourd’hui, des grappes de raisin avaient été installées sur un autel extérieur dans l’enceinte du Saint Siège. Après la messe, Sa Sainteté Garegin II, Catholicos et Patriarche de tous les Arméniens, son cortège et des fidèles ont réalisé une procession dans les allées qui mènent de l’Église jusqu’à l’autel. Ils ont récité quelques prières pour bénir le raisin qui a ensuite été distribué à la foule. Sur l’autel, on pouvait voir un tableau du Mont Ararat et du monastère de Khor Virap. En effet, c’est au pied de cette Montagne Sacrée que la religion apostolique arménienne a commencé, lorsque Grégoire L’Illuminateur a converti le Roi Tiridate en 301. Je me rendrais demain au monastère de Khor Virap pour mieux comprendre les raisons de cette conversion. 


                        Bénédiction du raisin, Hayastan 2010


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